Le titre provocateur « L’Agilité est morte » a envahi la blogosphère ces derniers temps avec des articles qui proposent toujours les mêmes solutions pour la sauver. L’ironie est que ces solutions pour sauver l’Agilité sont souvent les causes de son échec. Voici les 2 fausses bonnes idées les plus courantes.
Étendre l’Agilité à toute l’organisation
Il est couramment admis qu’une équipe agile, isolée et seule, ne peut pas fonctionner correctement si l’ensemble de l’organisation n’est pas elle-même agile et si l’ensemble du management n’est pas impliqué dans la transformation agile globale. Mais c’est une fausse bonne idée pour les raisons suivantes…
Toute transformation globale de l’organisation est une aventure à la fois coûteuse et extrêmement risquée. L’échec de la transformation globale est quasi certain. Cela aboutira au rejet de l’Agile.
De plus, une transformation globale peut-elle être initiée avec une approche inventée dans le domaine informatique ? Même si le Digital a gagné en importance, une transformation d’une telle envergure ne peut être initiée qu’au niveau des Métiers.
Enfin, il est utile de rappeler que l’Agilité, née dans les années 90, n’avait alors pas besoin d’une entreprise entièrement agile pour démontrer ses bénéfices. Les pionniers de l’Agilité ont prouvé que d’excellents résultats peuvent être obtenus sans un changement organisationnel global.
Plutôt que de prôner une transformation agile de l’ensemble de l’organisation, n’est-il pas plus judicieux de démontrer concrètement les bénéfices à petite échelle ?
Appliquer l’Agilité au-delà de l’Informatique
L’idée d’appliquer l’Agilité à d’autres domaines que l’informatique est séduisante. Si cela fonctionne pour l’IT, pourquoi pas ailleurs ?
En fait, rien ne garantit que cela marchera. Et en cas d’échec, c’est l’ensemble de l’approche agile qui pourrait être remise en question.
La première difficulté réside dans les spécificités de chaque domaine. Même dans l’Informatique, l’Agilité n’est pas adaptée à tout. En effet, conçue pour le développement logiciel, l’Agilité n’est pas adaptée aux projets d’infrastructure.
La seconde difficulté est la résistance naturelle au changement. Les autres services de l’entreprise pourraient être satisfaits de leurs processus actuels et percevoir cette transformation initiée par l’informatique comme une intrusion indésirable.
Il faut faire une distinction entre l’Agilité dans le développement logiciel et les autres formes d’Agilité dans d’autres domaines. L’Agilité dans le développement logiciel a de solides fondements et des réussites reconnues tandis que les autres formes ont besoin de faire leur preuve.
Faut-il sauver l’Agilité ?
L’Agilité n’étant pas une fin en soi, une question s’impose: faut-il sauver l’Agilité ?
En fait, l’Agilité n’a pas besoin d’être sauvée. Si cela fonctionne, tout va bien et la question de sa survie ne se pose pas. Si il n’y a pas de bénéfices évidents, il faut chercher une approche plus adaptée.
D’ailleurs, l’Agilité comme un tout unique n’existe pas. Il y a juste des interprétations de principes très généraux et des tentatives de mise en oeuvre de ces principes.
Pour toute organisation qui se lancerait dans une mise en oeuvre de l’Agilité, notre conseil serait de toujours commencer à petite échelle.
En conclusion, on peut dire que l’Agilité « solution miracle » est morte. Les tentatives pour la sauver en la faisant passer « à l’échelle » risquent d’aboutir à une déception encore plus grande. Mais ce serait dommage de ne plus en faire du tout…